29 mars 2020 :
Joker est parti mercredi 18 mars du Marin en Martinique à destination des Açores.
C’était le début du confinement, rues et plages désertes, magasins fermés, carnaval oublié, la fin de la fête aux Antilles. Avec mon équipier Thierry, confiné pour confiné, on a décidé de rentrer pour retrouver nos familles.
Bien sûr c’est un peu tôt en saison, mais après un hiver sans hiver on ne sait pas ce qui se prépare. Première journée de navigation magique, au près serré bien sûr mais avec un vent est sud est assez favorable et une mer belle. Ensuite quatre jours de vent fort à très fort, et la mer qui va bien avec. Dur et même très dur avec la gite du bateau, les embruns qui balaient le pont, les vêtements de plus en plus humides. Après déjà trois grosses opérations de réparations sur le solent qui se délamine, au bout de deux jours, deux gros décollements des membranes sont apparus sur la bordure. Il a été remplacé par le tourmentin, et depuis dans ces bords de près avec du vent assez fort le bateau tient six noeuds de moyenne dans un confort relatif. Accalmie de la mer ce dimanche qui nous a permis de sécher et renforcer le solent quand on en aura vraiment besoin.
Par 23 degrés nord et 59 degrés ouest, on est toujours en route plein nord, avec la température qui se refroidit, dans l’attente de vent plus favorables pour mettre de l’est dans notre route. Bises (à distance) à tous !
16 avril 2020 :
Quatre semaines après le départ de la Martinique sur l’étrave de Joker des lumières apparaissent à l’horizon, à bâbord l’Europe, à tribord l’Afrique. Le rocher de Gibraltar, porte de la Méditerranée, est maintenant à une soixantaine de milles.
Pour cause de Coronavirus, une seule escale d’un jour confiné sur le bateau a été possible à Madère pour prendre du gaz oil, de l’eau, des vivres.
Une longue traversée très agitée qui s’est faite en grande partie à lutter contre le vent, d’abord en tirant des bords contre un Alizé soufflant fort sur la route, puis à chercher un chemin difficile à trouver, la route « normale » du nord étant impossible.
Mon ami Hubert qui me conseille pour le routage donne l’explication.
« Depuis trois semaines il y a un énorme anticyclone au niveau des îles britanniques qui pousse toutes les dépressions venues des États Unis sur les Acores puis sud Portugal ».
Hier matin encore on était en fuite, heureusement à la bonne route, sous tourmentin tangoné à 300’ du centre de l’une d’elles avec du vent soufflant de 22 nds à 33 nds sur une mer très forte. La prochaine est ce dimanche avec 45 nds grib et 65 nds en rafales.
Depuis hier soir, et pour la deuxième fois du voyage, la mer est calme. Joker file 6 nds travers au vent, j’ai eu le plaisir de dormir dans ma cabine.
Content de retrouver la Méditerranée, la souhaitant de meilleure humeur qu’au mois de novembre.
Hervé Lopez
