3è place à la 222 mini solo : bravo Melchior !

3è place à la 222 mini solo : bravo Melchior !

Posté dans : Actus-News, Melchior Treillet

222 Mini Solo : une jolie 3ème place pour récompenser la combativité…

Après avoir bien récupéré depuis mon arrivée, il est temps de livrer à chaud un rapide récit de cette course en mer de Ligure : 222 milles qui ont été réduits à 200 par le comité au vu du faible vent attendu. Les passages à Capraia et Portofino ont ainsi été retirés du parcours, pour un retour direct vers Gènes après avoir viré la Giraglia…

Jeudi 28 avril, 9h : briefing météo.

Déjà que je ne suis pas expert en la matière, alors en italien, je n’y comprends vraiment rien… L’analyse des cartes isobariques par un illustre météorologue local avait un coté plutôt burlesque. Dans un charabia incompréhensible, à grand renfort de mouvement de bras devant l’écran, le spectacle, au contenu qui pouvait sembler assez riche pour les initiés, a duré une bonne vingtaine de minutes. Seul français de la course, j’ai alors levé timidement la main pour demander une traduction… Réponse : “grosso modo, il n’y aura pas de vent”. 20 minutes pour dire ça! Au moins le ton est donné, il va falloir s’armer de patience, parce que la course risque d’être longue…

Jeudi 28 avril, 12h : départ

Le coup de canon est donné dans un force 5 aussi inespéré que temporaire (j’ai bien fait d’enlever mes bosses de ris, c’est assez incroyable à quel point cela fait systématiquement venir le vent…). Je prends un assez bon départ, et c’est parti pour un premier bord de reaching à fond vers l’ouest et la petite île de Bergeggi. Le vent abonne et mollit un peu, et je peux envoyer le spi max ce qui me permet de virer le premier point de passage dans le groupe de tête. Le moral est au plus haut, maintenant cap au sud-est ! 

Nuit de jeudi 28 à vendredi 29 : de Bergeggi à Giraglia

La soirée commence assez bien, avec cette petite brise qui décide de jouer les prolongations. La descente vers la Corse commence sous gennaker, ça file pas mal et je double quelques bateaux, dont un proto. Je fête ça (ou plutôt mon anniversaire, bel hasard du calendrier) en m’offrant un petit apéro au coucher du soleil. C’est sans compter sur la pétole qui surgira quelques heures plus tard… En milieu de la nuit, le vent est désormais totalement absent. 4 ou 5 longues heures à lutter pour garder de bateau au moins dans la bonne direction. Grace à l’AIS, on peut vérifier que tout le monde est dans la même galère. Au moins, le courant est avec nous et tous les Minis sont poussés doucement vers le sud…

Journée du vendredi 29 : arrivée vers le cap Corse

Le vent fait une entrée timide par le nord en début de matinée, ce qui nous permet de glisser lentement sous spi vers la Giraglia. Mais là, je ne suis plus dans le rythme, le speedo ne fonctionne plus, j’ai du mal à retrouver mes repères de vitesse et je perds place après place. Je finis par virer l’île et son phare mythique dans les 5 derniers bateaux en milieu d’après-midi : je ne suis plus du tout dans le match, et c’est l’heure de se reprendre en main!

Nuit du vendredi 29 au samedi 30 : remontée vers Gènes

Il reste cependant 80 milles environ jusqu’à la ligne, et je sais que rien n’est joué. Je décide alors de tenter le tout pour le tout en anticipant une bascule du vent vers l’ouest en cours de nuit… Alors que tous mes concurrents font route directe vers Gènes au près serré, je décide d’abattre largement pour aller plus vite, quitte à m’éloigner de la route directe pendant les premières heures. Sous gennaker à 7nds, je double petit à petit plusieurs bateaux de la flotte, et quel plaisir de voir mes plans se réaliser avec le vent qui s’établit progressivement vers la gauche : quelques heures plus tard, toujours au débridé, je fais maintenant route vers la ligne d’arrivée ! Le vent, très régulier, souffle à 10-12nds, je navigue au bon plein, au plus serré que me permet mon gennaker. Dans le Nacira, absolument tout est matossé au vent pour limiter la gite très prononcée. Le bateau est parfaitement réglé, le pilote barre sans effort à 100% de la vitesse cible. Je peux ainsi m’offrir de luxe de 3 ou 4 petites siestes de 20 minutes, bien au chaud à l’intérieur et harnaché à dans ma toile anti-roulis au milieu des sacs, spis et jerricans : pas question de sacrifier un degré de gite ! Entre deux siestes, je surveille avec satisfaction ma bonne remontée sur l’AIS : avant le lever du soleil, je me suis bien rapproché des deux premiers Minis de série… Je garderai un excellent souvenir de cette nuit, sportive mais surtout très efficace pour récupérer et me préserver un peu de lucidité pour l’arrivée qui s’annonce délicate.

Matinée du samedi 30 : Final dans le golfe de Gènes et arrivée

Comme prévu, le vent s’arrête soudainement et me revoilà dans une affreuse pétole, avec en prime un clapot qui rend toute progression terriblement difficile. L’écart avec mes poursuivants se resserre, et il faut faire preuve d’un sang-froid maximum pour grappiller le moindre dixième de nœuds vers l’objectif, ce qui n’est pas tout à fait mon fort. Les heures ont longues, le soleil commence à taper et m’engourdit. Mais je sais que le podium est atteignable alors je m’accroche ! A l’aide des jumelles, j’essaie de repérer les risées sur le plan d’eau, comprendre sous quelle amure sont les autres bateaux autour de moi… Il s’agit surtout de rester concentré et engagé! Le vent, quasi inexistant, tourne dans toutes les directions et commence surtout sérieusement à jouer avec mes nerfs… C’est d’autant plus rageant que nous sommes à quelques milles seulement de l’immense port de Gènes et de la ligne d’arrivée. Poussé par une très légère risée, je parviens pourtant à me glisser adagio sous spi vers celle-ci, et je boucle enfin la course après 48h et 15 minutes de navigation, 5 minutes à peine avant un Pogo 2 qui me rattrapait dangereusement. Le comité me confirme ma 3ème place et je peux enfin relâcher la pression !

 

En conclusion, ce fut une course beaucoup plus intense que ce à quoi je m’attendais. Non pas sur le plan physique, car le peu de vent limite l’effort et la casse matérielle. Mais moralement, quelle difficulté ! Il me reste encore beaucoup à évoluer de ce côté-là, notamment pour apprendre à relativiser et conserver un maximum de lucidité dans les moments où l’on pense que tout est perdu. Mais je suis très content de ce résultat qui m’encourage bien pour la suite… Prochaine étape, la qualification de 1000 milles en Juin.

 

Merci une nouvelle fois pour votre soutien très apprécié !

 

PARTAGER