>> L’heure n’est sans doute pas aux explosions de joie, dans un contexte international toujours en proie à l’évolution de la pandémie, mais la confirmation de la sélection de l’équipage féminin de 49er FX de Lili Sebesi et Albane Dubois est tout de même une sacrée belle nouvelle pour la barreuse de 28 ans, membre du Team Voile BPMed, qui porte les couleurs de la Société Nautique de Marseille.
Un an et demi de sélection
Le 49er FX (prononcer forty-niner) est un support en double véloce et spectaculaire réservé aux filles, qui a fait son entrée dans le grand bain de l’olympisme pour la première fois aux derniers Jeux d’été, à Rio. Depuis 2013, au-delà de son diplôme d’ingénieur en Mécanique Energétique à Polytech Marseille, et après un changement d’équipière en 2016, la vie entière de la jeune athlète a été tournée vers l’objectif de représenter la France à Tokyo dans cette série. Si le but reste évidemment de performer durant cette olympiade, le chemin pour arriver au terme de la sélection, parsemé de rendez-vous sportifs et d’annulations en cascade pour des raisons sanitaires, a été particulièrement long et éprouvant, et pour Lili Sebesi comme pour beaucoup d’autres sportifs, peu de choses se sont passées comme prévu.
« Nos sélections étaient censées se clore en décembre 2019 après le mondial en Nouvelle-Zélande que nous avons terminé 19èmes, mais à cette date, les performances françaises n’avaient pas permis de qualifier le pays. Ensuite il y a eu le Championnat du Monde en février 2020 en Australie, et là nous finissons 4e, ce qui nous met évidemment en très bonne position ! Quelque temps après ce mondial, nous sommes informées que le comité veut prolonger les sélections jusqu’au mois de mars à Majorque, et en fait nous étions sur place quand il y a eu la première vague du Covid, et quelques jours avant l’épreuve qui devait clore notre sélection, nous avons dû évacuer l’île en urgence pour rentrer nous confiner en France. »
Peu de temps après, l’annonce assez inévitable du report des Jeux de Tokyo tombe, et toutes les régates du calendrier sont annulées. Ce n’est donc pas seulement la motivation qu’il faut entretenir pour le duo, mais également l’obligation de faire face à un manque cruel d’entrainement, et une remise en route douloureuse en début de saison 2021. D’un autre côté, les épreuves traversées sont sans doute la meilleure préparation à la pression pour l’équipage qui va concourir pour la France. « J’ai une grande pensée pour nos adversaires françaises qui n’ont pas été retenues. Il n’y a qu’une seule place par pays aux Jeux, et nous sommes évidemment avant tout partenaires d’entrainement, au-delà de la concurrence. J’ai beaucoup de respect pour la manière dont elles ont mené leur projet. Elles ont clairement beaucoup bossé ces dernières années, et l’écart entre nous s’est plutôt resserré. »
85 jours pour optimiser
Le compte à rebours a donc officiellement commencé à l’issue de la réunion de la Commission Consultative de Sélection Olympique (CCSO) qui s’est tenue ce mardi 27 avril pour confirmer le choix de Lili Sebesi et sa co-équipière, Albane Dubois. Bien que la situation épidémiologique soit toujours sous étroite surveillance, il semble que le Comité d’Organisation a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la tenue du grand rassemblement en tenant compte de la présence du Covid, et les athlètes – comme les journalistes – seront tenus à un protocole contraignant qui marquera forcément différemment cette XXXIIème olympiade.
« Sur les trois mois restants, il n’est pas question d’essayer de trouver le mouton à 5 pattes », résume Lili. « On a conscience de nos points forts et de nos points faibles. Ce qu’on a mis en place, c’est un partenariat d’entraînement avec des garçons avec qui j’ai pu, entre autre, naviguer pendant l’hiver (Albane a eu une blessure au genou) pour se servir de leur expérience technique. Avec Albane, on est particulièrement à l’aise dans les vents oscillants, mais nous avons encore du chemin à faire dans les vents plus stables où tout le monde veut aller du même côté.
Aux Jeux, on va être 21 équipages féminins, ce qui est assez comparable à une phase finale, quand on est en rond OR sur un championnat du monde, où on navigue à 25. La principale différence, c’est qu’il va y avoir un niveau plus hétérogène, avec les représentations de différents pays qui viennent de décrocher leur place après 3 mois de FX. Il va donc y avoir à la fois des filles que l’on connaît bien, dont on sait le niveau et les caractéristiques d’équipage, et des bateaux avec un niveau plus faible qui risquent d’être un peu surprenants dans leur fonctionnement.
D’ici là, il y a encore deux régates organisées au Portugal, à Casais, une première début mai ouverte à tous et une seconde début juin en « configuration JO », c’est-à-dire ouverte uniquement aux 21 sélectionnées olympiques. Nous y sommes depuis une semaine et jusqu’à début juin : on navigue en partie de notre côté avec nos partenaires masculins et les équipages de jeunes françaises, puis en fin de journée on retrouve quelques sélectionnées déjà présentes pour se confronter sur des manches d’entraînement.
Après Cascais, il y aura un stage de cohésion mi-juin avec toute l’équipe de France olympique de voile et le staff fédéral. Et sur la deuxième quinzaine de juin, on va bosser dans nos murs, à Marseille, pour profiter un peu de nos proches, nous ressourcer en famille, puis on partira au Japon autour du 10-12 juillet. C’est une préparation particulière due au Covid parce que normalement il y avait une Coupe du Monde sur place au mois de juin qui a été reportée, mais ça peut aussi faire du bien d’arriver super fraîches. Ça fait un moment qu’on n’est pas allées là-bas, avec le Covid, mais la dernière fois, on y a été tout l’été 2019. Ce qui m’a particulièrement marquée au Japon c’est la chaleur – moi qui ai grandi en Guadeloupe – je n’ai jamais eu aussi chaud qu’au Japon ! Il y a un taux d’humidité qui est tel en fait que, en ressenti, il fait vraiment très chaud. Début juillet c’était encore vraiment supportable, et quand on est revenues fin juillet à la date des Jeux, sur le plan d’eau olympique du site d’Enoshima à une heure en train de la ville de Tokyo – ce n’était plus du tout la même température ! Il y avait des protocoles : on avait des gilets de froid dans des glacières pour se mettre sur le dos avant d’aller sur l’eau.
De Marseille à Tokyo
« C’est un très grand bonheur pour la Société Nautique de Marseille d’apprendre la sélection pour les Jeux de Tokyo de l’une des régatières de cette équipe de haut niveau que nous appelons volontiers « nos champions » et que nous suivons à l’année » commente le vice-Président, Pierre Sathal. « Lili Sebesi a rejoint la Nautique avant même que la France ne soit retenue pour accueillir les JO de 2024, et que Paris ne propose Marseille comme plan d’eau pour les épreuves de voile, mais sa présence au sein du Club n’en est que plus précieuse aujourd’hui. La situation actuelle est particulièrement difficile pour tout le monde, et les membres de la Nautique n’ont pas été épargnés, ni personnellement ni collectivement, par les contraintes de la pandémie qui nous ont conduit à limiter les activités et à annuler un nombre considérable de manifestations et de régates depuis plus d’un an. C’est avec d’autant plus d’enthousiasme que nous suivrons tous les JO cet été, en attendant d’être, à notre tour, ville hôte pour la prochaine olympiade. Notre nouveau président, Henri Escojido, tous les membres de la SNM, le bureau et le comité directeur de La Nautique se joignent à moi pour souhaiter bon vent, et tout le meilleur à Lili et Albane ! »
Société Nautique de Marseille
Henri Escojido, président
Pierre Sathal, vice-président, en charge des régates
Chantal Benigni, responsable des événements nautiques
Relations Presse SNM
Maguelonne Turcat
Photo navigation : photo Pedro Martinez @Sailing Energy