La première Solo Maître Coq de Pierre Quiroga : comme si vous y étiez !

La première Solo Maître Coq de Pierre Quiroga : comme si vous y étiez !

Posté dans : Actus-News, Pierre Quiroga

Pierre Quiroga, le jeune figariste de la Nautique, rentre de sa première Solo Maître Coq. Bord après bord, il nous raconte la régate, comme si on y était…


 

“Bonjour bonjour ! Un peu de nouvelles après cette Solo Maître Coq.

Je me suis rendu compte que c’était bien difficile d’être préparateur, skipper et de gérer la communication en même temps, je comprends mieux pourquoi tous les skippers ont une vraie équipe autour d’eux …

Cette semaine avait donc lieu la Solo Maitre Coq, ma première épreuve en Atlantique et avec une flotte 100% figaro. Au programme, 2 jours de parcours côtiers et 330 milles nautiques autour de l’Ile de Ré & Belle-Ile dans des conditions idylliques !

La photo ci-dessous résume bien la situation ; de très bons départs sur chacune des quatre courses côtières mais derrière je n’ai pas réussi à trouver les réglages au près. Jai malgré tout souvent été dans le coup, comme sur la première manche dans une météo méditerranéenne (la chaleur en moins, quand même) où je passe ma première marque de course en 3ème position et très fier !
J’ai donc pris énormément de plaisir sur ces petits parcours à me montrer aux avants-postes et même si ma vitesse m’a vraiment handicapé, je ressors 13ème après ces 4 courses.

Jeudi, les choses sérieuses commencent ; c’est la course côtière de 330mn avec un coefficient 3 qui nous a amené de l’Ile de Ré jusqu’à Belle-Ile en passant par l’Ile d’Yeu – il y a beaucoup d’Iles dans le coin, n’est-ce-pas ?- puis retour sur les Sables avec une dernière boucle autour de l’Ile de Ré dans l’autre sens !

Là encore super départ en bout de ligne, je sors progressivement en pointe dessous puis … plus de vent pendant 5 minutes et une grosse bascule à droite, comprenez que je passe d’une bonne position à une très mauvaise situation, tout est à refaire… c’est souvent le jeu en course au large ! 
Je double d’attention, réglage du bateau, vérification des algues, du courant et sur un bon positionnement courant à la pointe de l’Ile de Ré : je me remets dans le match autour de la 10ème position !

Passage sous le pont de l’Ile de Ré soleil couchant, moment plutôt sympa mais c’était sans compter sur un vent mollissant de minutes en minutes et sur une bascule de courant se rapprochant très rapidement … Encore 300 m avant de passer la bouée Marie-Anne, puis de pouvoir tirer la barre et aller chercher le vent de nouveau, le bateau avance péniblement à 0,5 noeuds, le vent se fait quasiment nul. Autour de moi un adversaire sort son ancre de mouillage sur le pont…
Aïe Aïe Aïe, je ne veux pas rester là sans bouger pendant 6 heures, surtout que les premiers ont passés la bouée quelques minutes avant avec du vent ! On respire un grand coup, on y croit et on attend … Il aura fallu 40 minutes pour ma délivrance ! Les premiers sont loin devant mais les copains qui sont derrière risquent d’y rester un moment.

Pour ma première nuit, je suis très motivé, et navigant en vent arrière, je profite de ma super vitesse pour me faufiler entre les adversaires et ressortir 6éme au petit matin. S’en suit un immense bord de près vers Belle-Ile ; les deux prétendants à la victoire sont 1,6 mn derrière mois à 8h, puis 0,2mn à 15h … Ça revient fort, je résiste tant bien que mal et je passe devant eux au nord de Belle-Ile, c’est parti pour un long portant vers les Sables d’Olonne. Youhouu, ça surfe à plus de 15 noeuds et sans être mouillés, je prends énormément de plaisir à la barre …
Mais… Pierre, tu n’as pas oublié quelque chose ? Le sommeil ! Ah, oui c’est vrai, et j’ai encore le souvenir de mes déboires des 400mn de St Tropez dûs à mon manque de sommeil. Ça fait 24h que je n’ai pas dormi … Allez, je suis raisonnable et je mets le pilote automatique ; direction l’intérieur du bateau pour une sieste de 20 minutes.

Deuxième nuit : les choses se compliquent, la flotte est un peu revenue sur l’avant de la course, j’en ai aussi profité pour doubler un autre bizuth (anglais) dont je mène désormais la flotte. Après le passage devant les Sables à 02h30 du matin, direction un marque spéciale qui se trouve à … 26mn à 110° du vent sous grand spi. Traduction : ça va être un bord très délicat où le skipper ne peut pas lâcher la barre – enfin, n’est pas censé pouvoir lâcher la barre… sauf quand il s’endort.


Je suis encore en tête des Bizuth, mais les deux leaders du classement m’ont doublé en début de bord. Justine Mettraux, suissesse expérimenté de la course au large ayant participé à la derniere Volvo Ocean Race revient sur moi. Au CEM on m’avait prévenu qu’elle était tenace, et j’en fais les frais… Après plusieurs départ au lof, je decide d’affaler, épuisé. J’ai mis la musique à fond et je dévore des litres d’un cocktail vitaminé, à base de jus d’orange, de protéines, de jambon & d’amandes (je vous assure, ce n’est pas si horrible.) En pleine nuit j’affale le spi dans l’idée de renvoyer le petit spi, mais je suis un peu long dans la manoeuvre. Justine en profite pour glisser par dessous et me doubler, elle m’avouera en rentrant à terre qu’elle savait bien que “le petit jeune serait fatigué à cette heure avancée de la nuit” … Bien joué ! 
Jusqu’à la fin, je me bats pour revenir sur elle, la victoire en bizuth est en jeu mais elle me contrôle parfaitement et la course touche à sa fin.

Je finis donc 4è des bizuths, 7è à la Grande Course et 10è au classement général, et très heureux de cette première Solo Maître Coq.

J’y ai appris à connaître le comportement de la flotte, mon positionnement, et la très bonne ambiance à quai -beaucoup d’entraide, les figaristes plus expérimentés n’hésitant pas à donner des conseils et dans un esprit très bon vivant. 

C’est donc une superbe première compétition, j’ai encore appris énormément et j’ai déjà hate de me confronter de nouveau à cette flotte. Le programme : 

– Solo Normandie 10 – 14 Mai
– Le Havre Allmer Cup 19 – 29 Mai


Vous pouvez suivre Pierre Quiroga sur sa page Facebook.
 

 

Les médias autour de mon bateau et de mon histoire : durant toute la durée de la compétition de nombreux journalistes sont venus voir qui était ce “jeune marseillais” à la barre du bateau champion de France en titre, amusé par mes péripéties mais sans oublier les bonnes performances réalisées sur l’eau un réel engouement est en train de se créer autour du projet, un grand plaisir pour moi qui n’hésite pas à prendre du temps pour répondre aux journalistes mais également à tous nombreux visiteurs de passage sur les pontons. 


Voiles & Voiliers
 à d’ailleurs repris l’intégralité de mon récit des 400 nautiques de St Tropez à voir dans l’édition de Mai rubrique “ça vous est arrivé”.

Suite à cette Solo Maitre Coq j’ai fait le convoyage retour vers St Gilles Croix de Vie pour sortir le bateau et le préparer aux prochaines échéances, remise à l’eau prévue ce jeudi 5 mai pour enchainer sur un convoyage vers Granville ! 3 jours de navigation hors compétition qui vont me permettre de découvrir des points de passages clés de la prochaine Solitaire Eric Bompard le Figaro avec le Raz de Saint, le Chenal du Four ou encore toute la côte Nord Bretagne. 

 

Le temps passe et mes disponibilités sont moindres, le cercle vicieux lié à l’approche de la Solitaire du Figaro commence avec un investissement sur le bateau et les compétitions de plus en plus important alors que je suis toujours à la recherche d’un partenaire principal dans cette aventure …

 

Dans l’attente je remercie encore une fois le Centre d’Entrainement de Méditerranée (CEM), Maritimes Business Developments (M.B.D) et la Société Nautique de Marseille pour leur soutien matériel & financier ainsi que Marine Pool en soutien technique. 

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