Le grand voyage de Capado

Le grand voyage de Capado

Posté dans : Actus-News

Le 21 septembre 2013, Capado s’amarre à nouveau au quai d’honneur de la Société Nautique de Marseille. Il y a 2 ans et demi, nous y célébrions la bénédiction et le départ pour le bateau et son équipage, Capucine et Adrien.

Au début, il y avait un concept: partir autour du monde sur un bateau simple, léger et rapide. Le FoX 10,20 est ainsi né grâce aux dessins de Charles Bertrand. Pendant que le chantier RLM faisait la coque et le pont, Capucine et Adrien faisaient les voiles, les coussins et tous les achats. Le 14 juillet 2010, la coquille nue arrivent à Grasse où s’enchainent 6 mois de travail intensif pour mettre le bateau à l’eau en janvier 2011. Tout est près ou presque et il est temps de partir.

La sortie de la méditerranée fut le temps de la découverte et du rodage le bateau apprivoisant ses skippers. Puis le premier contact avec le grand large et les grandes chaleurs. La première traversée de Las Palmas à Sainte Lucie fut, au final, la meilleure du voyage. C’est bien simple, le grand spi est resté en l’air pendant tout le trajet moins une heure. On a pu apprécier la stabilité de route du bateau et le bon comportement sous pilote. Hors saison, nous découvrons les Grenadines et les joies d’incessants snorkelings entre les tortues, à la recherche des Langoustes.

On enchaine ensuite sur Las Roques et Las Aves avant l’étonnante Bonaire. Dans la nuit, alors que nous glissions entre 11 et 14 nœuds, le safran tribord percute une baleine. Heureusement, on arrive à garder le contrôle du bateau et à ranger les voiles. Pas de dégât structurel mais le safran est complètement tordu. Il nous faudra passer 3 semaines à Aruba pour réparer.

Remis de nos émotions, nous découvrons les San Blas et les indiens Kunas qui les peuplent. Nous aurions aimé rester plus longtemps entre ces ilots de sable blanc et cocotiers mais le Pacifique nous appelle.

15 jours pour faire les formalités et nous entrons dans l’immense écluse de Gatun. Attention aux pommes de touline qui atterrissent violemment sur le bateau! On est bien petit à côté des géants d’acier pour containers ou touristes. Une nuit sur le lac à 30 m au dessus de la mer des caraïbes, puis nous descendons vers le Pacifique avec même l’honneur d’avoir l’écluse entière pour nous seuls. Les cyclones n’attendent pas, alors on décolle. Capado connait ses deux pires jours de navigation avant de passer la Punta Mala et de rejoindre les alizés. Au nord des Galapagos, les conditions sont parfaites et la moyenne s’en ressent: 480 nm en 48 heures, de la bonne glisse. Ça y est, nous sommes dans l’hémisphère sud. Peu de vent mais une dorade coryphène. Nous aurons ensuite une semaine de houle croisée assez violente qui fera souffrir le bateau.

Après 30 jours de mer, nous voici à Papeete.
Cinq jours pour réparer ce qu’il faut. On visite vite Hua Hine, Tahaa, Bora Bora puis Raiatea, avant de reprendre le large. Le vent est faible, l’alizé est en train de s’essouffler. On peine à faire avancer le bateau entre les grains tous inégaux en force et les zones de calmes. C’est le grand stress à bord car nos familles nous attendent à Nouméa pour fêter Noël. Mais là, on se traine! Le vent rentre enfin, mais le safran réparé à Aruba nous lâche à nouveau. On fera les 3 derniers jours le plus à plat possible afin de rallier l’immense lagon Calédonien et retrouver nos proches le 24 décembre à 3 heures du matin. Ouf!
On profite ainsi de super moments en famille avant d’aller au joyaux local: l’ile des Pins.

Puis direction Sydney. Après un front froid bien appuyé puis du beau temps le long de l’Australie, Capado passe les Heads et découvre ainsi Sydney Harbour. Que de monde sur l’eau, que d’agitation ! Il y a tant à faire et voir que nous resterons un mois.

Une fois n’est pas coutume, nous rebroussons chemin vers l’Est pour rejoindre Auckland et arriver jute à temps pour la régate inshore de la Volvo Ocean Race. Victoire de Camper mais Groupama n’a pas démérité avec une lay line fantastique qui les voit remonter toute la flotte. Du grand spectacle ! On est bien content d’être au port, le départ de la Volvo va vite être cueilli par des vents à 50 nœuds. Visite du coin avant 3 semaines de chantier sur le bateau pour continuer à l’améliorer et le fiabiliser.
Le problème de la Nouvelle Zélande, c’est le froid (même si les locaux sont très chaleureux). Vite, on retourne sous les tropiques. Brisbane, le détroit de Torres et nous voici dans l’Océan Indien. Hélas notre moteur donne des signes de faiblesse. On croit avoir réparé à Darwin mais le problème persiste une fois arrivé à Bali. On aime tellement cette ile qu’on y reste un bon mois. Le bateau bien amarré au banc de sable, nous sillonnons sans relâche les rizières et les montagnes.

Le moteur est HS, c’est donc à la voile que nous ferons toute nos manœuvres dorénavant. Heureusement, le bateau est léger et a besoin de peu de vent pour avancer. Nous arrivons ainsi aux Cocos Keeling, atoll Australien à 5 jours de navigation de Bali. Quelle joie de chasser sous l’eau le matin, y retourner l’après midi si on a été bredouille, faire des barbecues avec les autres bateaux tourdumondistes ! On découvre ainsi le cœur de palmier frais, un régal.

L’Indien fait souvent peur aux navigateurs et à juste titre. La houle croisée y est énorme et le vent souvent fort. L’avantage c’est que les conditions sont stables, ainsi nous passerons 11 jours quasiment tout le temps à l’intérieur avec le pilote qui se débrouille très bien. 183 nm par jours, c’est aller assez vite.

Bienvenu à Rodrigues. L’accueil des gens est inégalable de gentillesse (on y parle la langue de Molière et il y a une boulangerie, tout pour ravir les français que nous sommes). On s’y sent vraiment bien. Le lagon est immense et peu profond, parfait pour la pratique du Kite Surf. Ainsi Adrien prend le virus.

A Maurice, on est plongé en pleine Inde au marché de Port Louis, puis nous retrouvons le calme du mouillage de Tamarin. On regrette que toutes les plages de l’ile soient réservés aux innombrables hotels. Le Kitesurf y est roi, surtout sur le spot mondialement connu du Morne. Des ailes à perte de vue.

A la Réunion, nous pouvons enfin réparé notre moteur. De plus, nous découvrons des paysages à couper le souffle. Ça change des ilots de sable. Là on prend franchement de l’altitude, entre le piton de la fournaise et les différents cirques, on en prend plein la vue.

En route pour l’Afrique du Sud. Navigation assez technique car il ne faut surtout pas arriver le long de la côte lors d’un vent de Sud Ouest qui vient contre le courant des aiguilles. Il faut bien contourner Madagascar pour les orages et la forte houle qui se crée sur le plateau continental avant de piquer droit sur Richard’s Bay. Le routage météo du père d’Adrien fut impeccable. On arrive avec un coup de vent de Nord qui nous propulse au dernier moment. Nous arrivons 12 heures avant le coup de Sud Ouest redouté. Après la joie des papiers, nous partons en safari. Fini les dauphins, bonjour les Rhinocéros!
On descend ensuite à Port Elizabeth pour un autre safari avec plein d’Éléphants. Arrivé à Simon’s Town, sous le regard des phoques, nous luttons avec un vent de 50 nœuds et plus, juste dans le port, impressionnant mais la manœuvre se passe bien. Des amis verront 110 nœuds dans cette baie….
Le contour du Cap de Bonne Espérance se fait dans la pétole, entouré d’une multitude de baleines dont certaines sautent de toute leur longueur. Vraiment impressionnant. Nous voici à Cape Town. Du Surf, du kite, un tour sur la Table Mountain et direction le Brésil.

Après l’Indien, l’Atlantique Sud ressemble à une promenade de santé. On mettra 24 jours dans un temps de demoiselles pour rejoindre Salvador de Bahia, Brésil.
Le coin est réputé dangereux. Ça ne rate pas, à peine une heure qu’on est là qu’on se fait agresser en pleine rue. Ils n’ont pris qu’une pauvre montre acheter pour un rien à Bali. On profitera ensuite de 3 jours de Carnaval débridé avant de recevoir de la famille et des amis. A Joao Pessoa, un peu au nord de Natal, on retrouve beaucoup de nos amis croisés dans l’Indien. Apéros, barbecues et kitesurf au programme.

On arrive ensuite à Grenade où nous recroisons notre sillage. La boucle est bouclée. On y retrouve nos amis Pierre et Nicole qu’on avait laissé 1 an et 8 mois plus tôt, et fêtons l’évènement avec un festin de langoustes. Un nouvel antifouling pour le bateau, un au revoir à nos amis qui vont prendre d’autres routes, et cap au nord.
Avec des amis, nous allons aux Saintes avant d’accueillir la transat Bretagne Martinique en Figaro, et principalement notre ami Yoyo. Quelle fête! On remonte ensuite l’arc antillais: Dominique, Guadeloupe, Marie Galante et Antigua où on restera un peu.
On enchaine ensuite sur les superbes BVI’s avant les Turks and Caicos puis les Bahamas. On apprécie cette profusion d’eau turquoise et de plongée plus belles les unes que les autres.

Changement de décor. Nous voici dans l’eau marron de Charleston aux USA. On passe en mode urbain. Charleston, Norfolk, Washington avec un mouillage en plein centre ville, puis Annapolis et enfin New York. Le séjour américain fut des plus instructifs et étonnants. Entre les retrouvailles avec la famille sur place, l’accueil des gens d’Annapolis, les monuments de Washington et la folie New Yorkaise, on aura eu de tout.
Un petit détour par Newport avant de traverser à nouveau dans de superbes conditions pour arriver à Flores aux Açores. Séjour très amusant avec la Semana do mar à Horta où nous pourrons régater avec le bateau. On est content, le Capado laisse beaucoup de plus gros derrière lui. La chasse à la baleine est finie mais les régates de baleinières restent âprement disputées. On continue le séjour Portugais par Lisbonne et son tramway jaune.

Au passage du Détroit de Gibraltar, on se fait passer par le maxi Trimaran Banque Populaire. La remontée de la méditerranée fut un peu longue à attendre les fenêtres météo pour passer.

Nous sommes le vendredi 20 septembre, à Roses, et la tramontane qui continue de souffler.
Finalement on décolle, une dernière nuit bien agitée sous trinquette et trois ris. Le vent se calme complètement à Marseille nous laissant des conditions idéales pour célébrer la fin du voyage avec toute la famille et les amis. Ce fut vraiment superbe de finir ainsi, sous spi avec toute la flottille de nos proches autour de nous.

Le Grand Pavois hissé, Capado rentre dans le Vieux Port à fort renfort de cornes de brume et de lambis. On a vécu 2 ans et demi fantastiques avec notre Capado.

Merci à tous ceux qui nous ont suivi, soutenu ou encouragé.

Pour apporter une conclusion au projet, on s’attaque maintenant à la rédaction du livre qui sortira vers mi décembre 2013.
N’hésitez pas à faire un tour sur: www.levoyagedecapado.blogspot.fr, et commander votre exemplaire.

A bientôt sur l’eau,

Cap et Ado
Capucine et Adrien de Belloy

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