Pierre Quiroga : le récit de la Allmer Cup

Pierre Quiroga : le récit de la Allmer Cup

Posté dans : Actus-News, Pierre Quiroga

Dernière ligne droite avant la Solitaire Bompard – le Figaro !

 

“Après la Solo Maître Coq qui a été pour moi l’occasion de decouvrir le circuit Figaro, j’ai participé à la Solo Normandie (10-14 Mai) puis à la première étape du championnat de France de course au large en solitaire avec la “Le Havre Allmer Cup”.

Pour résumer, sur le circuit Figaro on trouve 2 types d’évènements :

– compétitions évènementiels (avant saison)

– compétitions du championnat de France de Course au Large en Solitaire ; le classement du championnat de France est un cumul des 3 plus importantes compétitions de la saison :

* Le Havre Allmer Cup (15-28 mai)

* Solitaire Bompard le Figaro (10 Juin – 12 Juillet)

* Solo Douarnenez – Horta (Août)

 

C’est donc un objectif dans un objectif, l’épreuve phare étant la Solitaire Bompard où je vise un podium en bizuth, n’étant pas certain de prendre part à la dernière épreuve du championnat de France (budget non bouclé) je ne me positionne pas encore sur ce classement.

Pour revenir sur la Solo Normandie, une régate sans objectifs de résultat mais qui m’a permis de confirmer certains points travaillés à l’entrainement, avec une douzième place à l’arrivée je retiendrais mon excellent départ et ma prise de risque qui m’ont permis d’être en tête du classement la première nuit ! J’ai aussi eu l’opportunité de passer à des points historiques, “dangereux” et stratégiques de la pointe du Cotentin, j’ai d’ailleurs filmé mon passage du phare du Casquet (à voir sur ma page facebook) ou encore le Raz Blanchard avec le courant, un passage de seulement 47 mètres de large entre deux plaques rocheuses avec 6 noeuds de courant ! Autant vous dire qu’il ne faut pas se manquer et fermer les yeux quand on est au pied du phare de 37 mètres de haut, une belle frayeur !

S’en est suivi un autre style de course, la logistique, afin d’organiser la préparation du bateau mais également du camion pour préparer le mois de compétition à venir avec la Allmer Cup puis la Solitaire Bompard le Figaro.

Après la Solo Normandie dont l’arrivée s’est faite au Havre, j’ai eu quelques jours pour me reposer et préparer la première épreuve du championnat de France (Allmer Cup) qui etait aussi la dernière confrontation avant la Solitaire (entendez par Solitaire, la Solitaire Bompart le Figaro) les figaristes ayant participé à la Transat AG2R étant de retour la compétition s’annonçait relevée et elle l’a été.

Une semaine de compétition alternant parcours techniques (course durant moins d’1h30); parours côtiers (de 20 à 35mn soit 4 à 8 heures de navigation) et une longue course (130 miles nautique), autant dire un programme extrêmement dense qui fait de cette régate une des plus physiques de la saison.

Du très bien, du moins bien ; des erreurs mais du positif !

Lundi : une bonne entame avec deux courses (1 technique & 1 côtier), grace à 2 excellents départ j’arrive à me positionner rapidement dans les groupes de têtes, sur la première course je me mets un peu dans le rouge sur la fin de course et perd quelques places pour terminer 10ème, sur le second parcours côtier concentré et avec une “niaque” des grands jours je navigue sans me focaliser sur les adversaires, le bateau va vite et en plus aux bons endroits ! Passé 8ème à la première bouée je double mes adversaires, dans ma bulle je ne me rends pas bien compte mais ce sont bien les figaristes les plus expérimentés qui m’entourent, Nicolas Luneven, Erwan Tabarly, Gildas Morvan en autre… il n’est plus question de bizuth ! J’ai envie de montrer ce que je peux faire et ne lache rien, vraiment rien ! Au passage de la ligne d’arrivée je compte les bateaux qui sont devant moi … 3 ! Plutôt pas mal, sourire aux lèvres je rentre au port satisfait de cette première journée qui me classe 5ème du classement général.

Mardi : Parcours long, un parcours qui a duré 18 heures mais les courses les plus courtes ne sont pas les moins fatiguantes, avec beaucoup de près (remonter face au vent) dans du vent fort ; cette course a été menée avec une grande intensité par les skippers.

Départ à 14h direction une bouée de dégagement 0,9 miles plus loin, au passage je suis 2ème derièrre Monsieur Charli Dalin (grand vainqueur incontesté de l’épreuve ; sachant l’importance de partir devant sur ce genre de parcours je suis à 200% et j’essaie de prendre le TGV Dalin. Ce TGV je vais réussir à le suivre 3 heures puis quand le vent est monté (25-30noeuds) au largue serré (allure qui demande une concentration maximale) je me suis laissé depasser. En short-t-shirt à ce moment, je n’ai pas anticipé la montée soudaine du vent … La faute est chère en Figaro, de 2ème je passe 17ème à la bouée Broadword. À bord c’est un peu la guerre ! Il y a 28 noeuds en permanence et l’on part pour un grand bord de près de 10 heures jusqu’à Fecamp … En arrivant sur la bouée, je lève les yeux pour voir que la majorité de la flotte a pris le temps de mettre une voile plus petite à l’avant (passage du genois sous Solent) chose que je n’ai pas faite … encore !

Bon allez, réveille toi ! À l’entrainement, j’avais remarqué que la combinaison Genois + GV avec un ris fonctionnait bien, c’est le moment de l’appliquer ; en quelques minutes je diminue la surface des voiles sur le bateau, ça va déjà mieux ! Je me positionne sous le vent de la flotte comme le courant y est moins fort. Durant toute l’aprés midi je me bats avec les autres pour essayer de gagner des mètres, le bateau va vite, trés vite même ! Je reste lucide et sais que ce bord va être très long. 

20h30, la mer est démontée. Comme les autres skippers je ne peux pas lâcher la barre, le pilote automatique ne fonctionne pas sur ce genre de bord où le bateau tape énormément … Le moment du premier virement arrive, je tarde un peu à le préparer , sans me soucier de ce qui m’entoure. Je vais alors commettre une grosse faute. En effet, toujours à la barre, le comité de course annonce vers 22 heures avoir l’intention de réclamer contre des coureurs (dont je fais partie) qui sont rentrés dans une Zone Interdite !

En mer il existe 2 types de zones, les DST (délimitaiton de traffic) réservés aux navires commerciaux et les Z.I qui sont généralements des zones militaires, entrées de port commerciaux ect…

Je comprends vite que je vais avoir le droit à une pénalité à l’arrivée, mais tant pis : l’erreur est faite. Je me “console” en me disant que c’est le bateau qui est attiré par ces zones : Xavier Macaire (champion de France 2015) a perdu la Solitaire 2015 sur une zone interdite tout proche de l’endroit où l’on se trouve, j’en déduis que c’est le bateau qui est attiré dans ces zones …

Je continue de me battre, on passe une grande partie de la nuit au près à barrer et à se faire secouer dans une mer formée et un vent dépassant parfois les 30 noeuds ! Toujours rapide, je pars avec un groupe de quelques bateaux un peu plus au large, dans cette option nous gardions plus de vent mais l’état de la mer allait être catastrophique, l’option plus raisonnable était de retourner à terre prendre la bascule de courant, une mer plus plate mais moins de vent. Après presque 3heures de résistance au large notre option est la plus payante, je me retrouve 3ème derière les MACIF Boys ! Ouaaa, bon il me faut bien ce grain d’excitation pour arriver encore à bouger et ne pas m’endormir sur place ; je vous ai parlé tout à l’heure de mon départ en short l’aprés-midi même … Je n’ai pas pu me changer depuis, j’ai juste enfilé ma salopette, autant vous dire que je suis congelé …

À bout de force et au vu des conditions de mer et de vent, je décide de ne pas prendre le risque d’aller préparer mon spi à l’avant du bateau pendant le bord de près ; à la bouée de Fecamp, Erwan en profite pour me recoller, on va se battre le restant de la nuit jusqu’à l’arrivée, son expérience va payer et il passera à quelques mêtres devant moi sur l’avant dernière marque, il gardera ces quelques métres jusqu’à l’arrivée. 4ème AVANT JURY … oui oui il y a toujours la petite histoire de Zone Interdite mais pour moi ce n’est pas le plus important, j’ai su naviguer pendant toute une nuit au contact des meilleurs et c’est ce que je retiens.

Sur la pénalité je prendrais 35% en plus de ma place de 4ème et cela coefficient 4 … Aïe aïe aïe, j’ai “lâché” quelques points dans la bataille mais qu’importe !

Toujours premier bizuth j’alténerai belles courses et moins bien jusqu’à la fin du championnat pour terminer à une belle 11ème place et 1er Bizuth.

 

De bonne augure pour la Solitaire Bompard le Figaro qui débutera le 18 Juin prochain !

 

Très bonne journée à tous, merci encore du soutien de chacun d’entre vous,”

 

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