SNIM JOUR 2 : Quand le mistral entre en scène.

SNIM JOUR 2 : Quand le mistral entre en scène.

Deuxième jour de course à la Semaine Nautique Internationale de Méditerranée, 52ème du nom ! Si la Grande course de la veille s’est déroulée comme dans un rêve, avec une météo (presque trop) idéale laissant tout le loisir aux compétiteurs d’explorer les paysages à couper le souffle du Parc National des Calanques, son légendaire mistral a fait une entrée en scène remarquée ce samedi. De quoi marquer les esprits… et les bateaux.  


Vu depuis le pavillon flottant de la Société Nautique de Marseille, le Vieux-Port offre une vue inédite aux bénévoles organisateurs de la plus grande course de voile en équipage de Méditerranée du début de saison. Les 125 bateaux participant à la SNIM 2017 reprennent la mer après avoir vécu une Grande course idyllique hier : “Non mais vous vous rendez compte de la chance que vous avez les marseillais, d’avoir une zone de navigation aussi magique ?“ s’exclame Yves Grosjean, propriétaire du J133 Jivaro, licencié à la Trinité-sur-mer et résidant à Malte. “C’est notre première participation à la SNIM, le bateau étant en Méditerranée depuis peu. J’attendais depuis longtemps de participer à la SNIM qui est une course incontournable pour qui régate par ici, je ne suis pas déçu !“ Arrivés premiers au Vieux-Port à 21h, après aller-retour en 6 heures jusqu’à l’Ile verte, on peut dire que la Grande course a porté chance à l’équipage de joyeux « nordistes » habitués à l’Atlantique. Ils réussissent à damer le pion aux favoris des IRC2 qui jouaient pourtant à domicile. Pascal Fravalo, barreur de Geranium Killer (A40rc) et dont l’objectif affiché est de remporter la SNIM, a la mine sombre dans la nuit tombée bien avant qu’il n’arrive à quai : “Le vent faiblissant a rendu la partie très tactique, et nous avons malheureusement fait des erreurs de choix. On ne peut pas gagner à tous les coups, c’est le jeu !“. Dans l’autre catégorie lancée sur le même parcours, le vent était idéal pour le Mumm 36 Week-end millionnaire de Yves Ginoux, dont la compagne et équipière Isabelle Boisbouvier soufflait des bougies hier : “Je voulais lui faire un joli cadeau d’anniversaire : nous avons viré l’Ile Verte et fait toute la course en tête.“ La dure loi de l’IRC les rappelle pourtant à l’ordre : ils terminent deuxième au temps compensé derrière Twinl Banques d’affaires, un Sunfast 3600, moins rapide par essence et qui bénéficie donc d’un bonus de temps. 

Sur les plus gros bateaux, en IRC 0 et 1, le parcours était plus long et tout autant spectaculaire, avec 60 miles nautiques à avaler autour de l’Ile des Embiez. Sans surprise en IRC 0, c’est le TP52 Team Vision Future, skippé par l’incontournable tandem Mickael Mergui / Jean-Jacques Chaubard venus chercher leur 4ème titre de vainqueur de la SNIM, qui arrivent en tête, 6 petites minutes seulement avant Alizée du marseillais Laurent Camprubi. L’autre TP52 Arobas², avec les poids lourds Xavier Rohart, Yannick Bestaven, ou encore Bruno Staub suivent de près et semblent attendre leur heure. Chez les IRC 1, Tonnerre de Glen, le Ker 46 de Dominique Tian, vaisseau amiral du Pole course de la Nautique, “taillé pour manger du mile“, prend les bonnes options et décroche la première place une bonne heure avant Adrénaline, un autre marseillais. A son bord, des enfants du pays, venus avant tout s’amuser entre copains, et qui sont presque surpris de prendre la seconde place du classement devant les autres « gros poissons » de La Nautique : Jean-Paul Mouren à bord de Lady First et l’équipage réunifié des team bien connues Tahina / Désirade à bord du GP42 rebaptisé Sopra Dpmf. 

Après la soupe chaude servie par les bénévoles toute la soirée et jusqu’à l’arrivée du dernier, autour de minuit trente, les 1500 participants de la SNIM s’endormaient paisiblement et prenaient des forces pour le lendemain.

“C’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer.“ 
sourit, concentré, Christophe Bouvet le skipper d’Arobas2 après le briefing météo de ce matin samedi 15 avril. Le comité de course prévoit de lancer un maximum de manches tant que les conditions sont praticables : “On sait que ça peut monter fort, et que le doux air printanier d’hier a servi d’échauffement. Mais en avril, ne te déconcentre pas d’un fil !“ glisse un organisateur espiègle. Le Mistral, telle une diva, se fait attendre depuis plusieurs jours et au moment des premiers départs à 11h ce matin, il se faisait discret, soufflant entre 10 et 15 nœuds. Un vent parfait pour fêter l’arrivée des Surprise dans la compétition – ils courent à la SNIM leur Championnat de Méditerranée. Et puis avant midi, il entre en scène, accompagné d’une grosse mer et à leur suite, un cortège d’épisodes, tous plus théâtraux les uns que les autres…

D’abord il y a quelques avaries de matériel : les russes de Artful, les bretons de Ty Soleil, ou encore les marseillais de Daguet 2 Corum rentrent prématurément au port pour réparer les premières casses. A 13h50, la VHF crachote : “Un homme à la mer !“. C’est Fioupélan, le décidemment malheureux équipage de la famille Forestier qui, après avoir déploré un blessé hier, se fait surprendre par la grosse houle. Plus de peur que de mal, l’homme à la mer est récupéré, et leur course reprend. Pour autant, le comité de course envoie le pavillon Y, qui signifie que le port du gilet est obligatoire pour tous les concurrents… Signe que les choses deviennent sérieuses pour de bon.

Les régatiers voulaient du rythme, ils en ont eu ! Chez les monotypes, quatre courses ont été courues en Grand Surprise et malgré le peu d’entraînement qu’il semblait déplorer, l’équipage de Loïc Fournier-Foch sur Vieux Farceur s’échappe en tête. Corinne Aubert présidente du comité est enthousiaste : “Les conditions étaient vraiment sport, ça n’a pas été facile côté organisation, mais on a vu les concurrent se régaler, c’est ce qui compte“. En IRC, le rythme des courses s’intensifie à mesure que le vent monte. La compétition est acharnée et les équipages repoussent leurs limites… parfois un peu trop loin. Malgré les rafales qui affolent les anémomètres au-delà des 25 puis des 30 nœuds, ils n’hésitent pas à envoyer les spis, avec plus ou moins de succès. “Nous avons vu de sacré figures acrobatiques aujourd’hui ! Avec une météo pareille, les différences de niveau dans la flotte sont nettes, et on le voit sur les manœuvres.“ analyse Florence Baudribos, sur le comité des IRC 4. C’est sûr qu’entre Expresso II du belge Guy Claeys, qui caracole en tête avec son acolyte Romain Bricier – avec qui il partage le titre de Champion de Méditerranée Duo -, et les purs amateurs d’Orville, le Sunfast 3200 de location de Jean-Louis Janin entouré de trois autres équipiers seulement, il y a parfois un demi-parcours d’écart. Mais qu’importe, tout le monde s’amuse, et c’est aussi ça la SNIM. Dans cette même catégorie, c’est soupe à la grimace, chez TIP, le vainqueur sortant. “On n’a pas bien marché“, souligne Bernard Mallaret. “Cet hiver, on a cherché à optimiser le bateau afin qu’il soit bon dans tout type de temps, et notamment dans le petit temps, ce qui était notre point faible. Aujourd’hui, dans la brise, est ce qu’on a été mauvais ou est ce que ce sont les nouveaux réglages du bateau qui nous ont handicapés. On va voir tout au long de la saison, si on a eu raison…“ En attendant, le bateau héraultais pointe à une inhabituelle 9e place.

A l’heure du bilan de la journée, malgré les abandons multiples, les voiles déchirées (certains spis entortillés en « coquetier » ont dû être découpés au couteau !), les malades – y compris sur le comité de course ! l’enthousiasme est tangible. « On refait la SNIM », le plateau quotidien de debrief vidéo, risque de se prolonger tard dans la soirée…

Le chiffre du jour : 130 

La Société Nautique de Marseille fête ses 130 ans. Après avoir fêté les 50 ans de la SNIM en 2015, la Vieille Dame s’offre un nouveau gâteau d’anniversaire. “Malgré son grand âge, la SNM a su conserver sa vocation originelle et le tonus nécessaire pour organiser de nombreuses régates, et cette 52e édition avec son plateau exceptionnel en est le meilleur exemple“, évoque Raymond Lamberti, le Président de la Nautique. “La SNM organise une dizaine de régates par an, soit 26 jours de courses de la rade de Marseille, ce qui représente 520 bateaux sur l’eau, près de 4000 équipiers, et environ 5000 journées de bénévoles d’organisation.“

Oh, le bon souvenir !

En IRC1, la SNIM accueille Daguet2, pour la première fois. Le Mylius 50 de Fréféric Puzin a démarré la compétition avec humilité. “On a une équipe sympa et un objectif : Progresser tout en faisant les choses proprement.“  A bord, un certain Mathieu Richard à la tactique, qui se rappelle au bon souvenir de… Ben Ainslie, “Un de mes meilleurs souvenirs“, sourit-il. “Je l’avais battu à Marseille.“

 

Classement après la deuxième journée

 

IRC0 – 5 courses disputées

1/ Team Vision Future (Jean-Jacques Chaubard) 5 pts

2/ Alizée (Laurent Camprubi) 15 pts

3/ Arobas2 (Christophe Bouvet) 15 pts

 

IRC1 – 5 courses disputées

1/ Lady First 2 (Jean-Pierre Dréau) 11 pts

2/ Tonnerre de Glen (Dominique Tian) 14 pts

3/ Adrénaline (Michel Gendron) 17 pts

 

IRC2 – 5 courses disputées

1/ Vito 2 (Gian Marco Magrini) 11 pts

2/ Jivaro (Yves Grosjean) 13 pts

3/ Comat Groupe (Quiterie Tortiger) 16 pts

 

IRC3 – 5 courses disputées

1/ Twinl Banque d’Affaires (Franck Loubaresse) 5 pts

2/ Euro-Voiles (Denis Infante) 17 pts

3/ Solenn (Ludovic Gérard) 24 pts

 

 

IRC4 – 5 courses disputées

1/ Expresso (Guy Claeys) 10 pts

2/ Atlog (Antony Steinberg) 15 pts

3/ Melten (Laurent Sagols) 16 pts

 

Surprise – 4 courses disputées

1/ Petit Tabac (Frank Reinhardt) 8 pts

2/ Hegoa (Maxime Faure) 13 pts

3/ Goaly (Nicolas Beauregard) 23 pts

 

Grand Surprise – 3 courses disputées

1/ Vieux-Farceur (Loïc Fournier-Foch) 15 pts

2/ Airbus Hélicoptère 2 (Thomas Clerc) 26 pts

3/ Numericompta (Paul d’Ortoli) 35 pts