FALCON
Série : Q Boat
Catégorie : Époque Marconi
Rating : 135
Pavillon : Français
Club : SNM
Port : Marseille
Caractéristiques
Longueur flottaison : 11.4 m
Maître beau : 2.8 m
Tirant d'eau : 2.13 m
Voile d'avant : 30 m²
Construction
Chantier : Lawley
Année de construction : 1930
Actualité
« Jour de fête » en mer avec… Michel Desjoyeaux
À l’occasion du vingtième anniversaire des Voiles de Saint-Tropez, « Le Point » a embarqué avec l’ancien double vainqueur du Vendée Globe, sur un voilier de 1930.
Article de Thibaut Geffrotin du site LE POINT SPORT – 13/10/2019
« Ça me rappelle le lac Léman ». Taquin, Michel Desjoyeaux manie l’humour pour exprimer ce que pensent les sept autres membres de l’équipage. Le bateau n’avance pas ! La veille, la première journée de régate des Voiles de Saint-Tropez avait été annulée en raison d’un avis de « grand frais », avec une vitesse du vent à plus de 30 nœuds (55 km/h), ce qui représentait un danger pour des voiliers parfois centenaires. Le mistral étant capricieux, la vitesse dépasse aujourd’hui difficilement les… 5 ou 6 nœuds. « Ce n’est pas un souci, car Jour de fête est un bateau qui aime le petit temps » (lorsqu’il y a peu de vent, NDLR), indique Pascal Oddo, propriétaire du voilier construit aux États-Unis et qui y a fait la majeure partie de sa carrière, avant d’être restauré par son armateur actuel, français, et amené en Méditerranée. « Dans ces conditions, les gestes de l’équipage sont plus précis, plus importants. Ce bateau est tout étroit et tout effilé, c’est pour ça qu’on arrive à prendre un peu de vitesse malgré tout », décrypte Michel Desjoyeaux. À 54 ans, le seul marin à avoir remporté deux fois le Vendée Globe (2001 et 2009) prend du bon temps sur la presqu’île de Saint-Tropez. « Je suis en vacances depuis 54 ans, je n’ai pas du tout l’intention de me mettre à travailler aujourd’hui », plaisante le skippeur breton, invité par le propriétaire de Jour de fête à mettre la main à l’équipage tout au long de la semaine.
Michel Desjoyeaux, simple équipier ? Une surprise pour les badauds, une évidence pour celui qu’on surnomme « Le Professeur » : « Ce n’est ni une contrainte ni une régression de repasser équipier après avoir été skippeur. C’est très valorisant, et même utile. Un skippeur qui n’a jamais été équipier ne sait pas comment les choses se déroulent au milieu du cockpit et n’a aucune conscience de l’effort fourni. Celui qui ne connaît pas tous les boulots sur un bateau sera un mauvais capitaine ». Desjoyeaux, lui, n’a plus rien à prouver, après avoir remporté la plupart des grandes courses en solitaire ou en équipage : deux Vendée Globe, une Transat AG2R (la première, en 1992), trois Solitaire du Figaro, une Route du rhum, une Transat Jacques-Vabre… Forcément, ça impressionne les membres de Jour de fête, comme Sébastien, un amateur raide dingue de voile : « Hormis mon travail, je passe ma vie à faire des régates ». Une heure avant l’embarquement, Sébastien était déjà sur le pont, en train de plier les voiles. Michel Desjoyeaux ne peut s’empêcher d’aller l’aider, glissant quelques conseils : Tu as vérifié si le mât est bien droit ?
Un « Professeur » humble et passionné
Le skippeur multititré se transforme ensuite en « Monsieur Météo ». Le Breton indique que les nuages bougent « plutôt vite, au loin » et qu’ils viennent de changer de direction ce qui signifie que le vent a tourné. Desjoyeaux a l’habitude de tout faire seul, même si les solitaires au grand large ne lui manquent pas. « Naviguer seul, c’est très gratifiant quand on gagne. Mais c’est surtout très frustrant parce qu’on n’apprend pas grand-chose, on navigue seulement pour soi, c’est très égoïste. Ce n’est pas très satisfaisant intellectuellement, d’apprendre seulement de ses erreurs ». À 54 ans, Michel Desjoyeaux assure vouloir « moins naviguer » et transmettre son savoir. Ainsi, il fait construire actuellement un bateau pour le Vendée Globe… mais pas pour lui. Le Breton participera à la préparation mais se mettra en retrait, considérant avoir déjà tout donné dans cet exercice.
Alors que Jour de fête se met en position pour le départ de la régate, le « Professeur » en profite pour présenter tous les voiliers que l’on croise. « À St-Trop, il y a de tout : des jolies commodes Louis-XV avec du vernis partout, des yachts Wally ultramodernes tout en carbone, des bateaux qui ont remporté la Coupe de l’America… ». S’il aime participer aux Voiles de Saint-Tropez, c’est avant tout pour faire renaître ses souvenirs d’enfance. « Je suis né dans les bateaux en bois. Mes parents avaient un chantier d’entretien et d’hivernage. On a beaucoup de choses à apprendre de ces bateaux. Quand on voit ces vieux voiliers, on se rend compte que les technologies innovantes qu’on nous vend aujourd’hui existaient déjà. À l’époque, les mâts et les voiles ne tenaient qu’avec des bouts de ficelle. Et aujourd’hui, on y revient, même pour les bateaux de course moderne. Car le métal pèse lourd et c’est difficilement réparable. Quand vous êtes seul au milieu de la mer, c’est plus facile de réparer un bout de ficelle. »
Dès la fin de la régate tropézienne, Jour de fête retournera au chantier, où il sera bichonné pendant tout l’hiver. « Ces bateaux sont vivants, raconte Desjoyeaux, tout en tenant la barre. On refait les peintures, l’étanchéité, il faut aussi réparer les coques qui se fissurent. À la fin de l’hiver, le bois aura séché, le bateau aura donc rétréci. Si on le mettait à l’eau directement, il coulerait. Il y a tout un travail à faire pour regonfler le bois, en l’arrosant à l’intérieur pendant quelques jours pour qu’il retrouve sa forme. Ce n’est pas qu’un bel objet, c’est tout un art. »
Une baignade avant la régate
Au milieu du golfe de Saint-Tropez, la passion de Michel Desjoyeaux est saisissante. Lui qui a connu toutes les mers du monde salue la beauté et le calme qui nous entourent. « Dès que je me retrouve ici, tous les soucis du boulot et de la vie disparaissent », lui lance Pascal Oddo. Seul un bateau à moteur, passant trop près et trop vite, trouble l’ambiance. « Ils se croient tout seuls, à chaque fois c’est pareil ! » tempête le propriétaire de Jour de fête. Avec le remous provoqué par le zodiac, l’un des équipiers laisse tomber ses lunettes de soleil à l’eau. « Plonge ! » raille Desjoyeaux. Et c’est parti pour un petit quart d’heure de baignade (23 °C dans la Méditerranée, pas mal pour un mois d’octobre…), avant le départ de la régate. Car il va falloir se reconcentrer. Jour de fête est en concurrence avec dix-sept autres embarcations pour le Trophée Rolex. Grâce à l’expérience de Michel Desjoyeaux et au travail de l’équipage, le voilier de 1930 est quatrième à l’issue de la semaine de régate, au pied du podium. Pas grave pour le skippeur multititré, qui disait avant le départ : « Ici, on fait de la navigation de plaisance. Et dans « plaisance », il y a le mot plaisir ».
Palmarès
2019 : 1er aux CALANQUES CLASSIQUE
2014 : 1er aux Calanques Classiques, 1er à Antibes, 1er à Porquerolles, 1er aux Voiles du Vieux Port, 2ème à Imperia, 1er à St-Tropez.
Historique
Ex propriétaire Pascal Oddo (qui avait acheté Jour de Fête en 2011 à Newport) : “Jour de Fête s’est appelé Falcon puis Hayday puis encore Falcon. Ce Class Q N°16 était à sec en chantier fermé à Newport quand nous l’avons trouvé. Il a subit un gros refit il y a 7-8 ans”.